Jean Nouvel : du sens et du sensible

13/06/2009

Jean Nouvel était à Sarlat aujourd’hui pour parler de contexte et de paysage, avec Jean-Michel Geneste du Centre National de la Préhistoire.

Ce dialogue était précédé d’une rediffusion du film de Odile Fillion présentant  Jean Nouvel, son enfance à Sarlat, sa famille, son amour de la vie et de son métier, ses œuvres. Film qui ne manque pas de résonances  quand on habite cette ville, pratique le même (?) métier, et que l’on a visité nombre des œuvres présentées.
JMG parle de la pertinence du choix des sites habités par les hommes de la préhistoire: à chaque fois sites remarquables (mémorisables), protecteurs, stratégiques, voire sensibles. JN souligne la nécessité contemporaine de trouver les points d’acuponcture d’implantation des constructions dans les paysages urbains ou ruraux, comme pour rééquilibrer les énergies d’un corps malade.

Rapprochement entre l’obscurité des grottes dans lesquelles les peintures et gravures rupestres étaient réalisées, et le noir cher à JN. Le noir comme support de la lumière. Le fond noir comme la feuille blanche de l’écrivain, où tout reste à dire. L’espace noir où l’œuvre va se construire par additions de volumes, de matières, de couleurs et de lumières.

Selon JMG, il existait déjà au temps de l’Art rupestre la volonté d’inscrire dans le paysage le passage de l’Homme, dans la mesure du rapport de force Homme/Nature. Maintenant, la Nature est dominée, partout l’Homme imprime sa marque volontaire ou non, même dans les paysages apparemment les plus naturels. JN revendique les constructions dans les sites naturels, s’appuyant sur l’exemple du Mont St Michel ; pourquoi pas au milieu du secteur sauvegardé de Sarlat, avec un projet de qualité faisant écho à la qualité  patrimoniale environnante.

Les deux hommes s’accordent sur la relativité de la Modernité, le patrimoine étant une stratification de modernités passées. JN : le passé n’est pas dépassé, seulement passé.

Sur cette question de stratification, JN s’appuie sur l’image de l’étagère et des objets posés dessus. L’étagère – le substrat  – est une base patrimoniale à  conserver au moins partiellement, sur laquelle les objets –  constructions contemporaines – peuvent se poser, se transformer, se décomposer. Exemple des portes de l’église Ste Marie de Sarlat, avec réappropriation du lieu et nouvelle fonction.
Au gré des questions du public, d’autres thèmes sont abordés : démocratie et culture, démocratie et urbanisme, sources d’inspirations.
La lecture de son manifeste dans l’Architecture d’Aujourd’hui il y a plus de 20 ans m’avait profondément marqué, comme une sorte d’évidence. La posture de Jean Nouvel est toujours cohérente ; elle allie la qualité de l’analyse du programme et du contexte au sens large, et les plaisirs à rechercher et à donner, sans les contraintes d’un style, d’une « signature ».

Le sens et le sensible



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